On passe le Rhône au niveau de Pont-Saint-Esprit et les paysages changent radicalement. Cyprès, vignes et lavandes jalonnent la route et marque définitivement notre entrée en Provence, avec comme toile de fond les sublimes dentelles de Montmirail au premier plan et le sommet lunaire du Ventoux au second plan. Arrivés à Gigondas, on traverse au plus près les dentelles par une belle piste DFCI et on entre au cœur d’un environnement naturel exceptionnel. Cette chaîne de montagne atypique forme plusieurs longues crêtes de parois rocheuses : de véritables sculptures s’élevant à près de 800 mètre de haut avec de petits champs de vignes en contrebas. Royaume des plantes aromatiques, des chênes verts et des pins, la végétation y est typiquement méditerranéenne.
On redescend sur Malaucène, ville départ de l’ascension du géant de Provence et qui s’apprête à accueillir les cyclistes professionnels dans quelques jours. Dans la ville, tout est déjà très animé et aux couleurs du Tour. Le jour de notre ascension, le Ventoux ne porte pas bien son nom car absolument pas de vent et une chaleur écrasante. Au sommet pelé de la montagne mythique, nous pouvons admirer l’un des plus vastes panoramas d’Europe, dominant la Vallée du Rhône, les Baronnies provençales, le plateau du Vaucluse et au loin l’immense chaîne des Alpes. La descente vers Sault est la plus longue et on savoure les paysages qui défilent sous nos yeux sans donner un coup de pédales. On se laisse glisser à travers les piquets jaunes et noir caractéristiques du col pour signaler la route suivant les conditions d’enneigement. Les lacets noir de la route tranche avec le sol caillouteux lunaire. Magique et inoubliable.
La casse d’un rayon sur le vélo de Xavier changera nos plans initiaux de parcours dans le Luberon et nous tracerons directement à Apt pour le faire réparer avant de récupérer l’Eurovelo 8 et rejoindre notre ami Franck actuellement sur la route du GR4. Impensable de ne pas croiser nos routes ! Le marcheur et les cyclistes se retrouvent à Reillanne pour un bivouac improvisé dans le grand jardin d’une sympathique dame, Angélique. Quelle bonne soirée !
Après Manosque, nous montons par une petite piste à travers les champs et nous découvrons petit à petit le plateau de Valensole et ses spectaculaires champs de lavande. C’est la saison parfaite car la période de floraison ne dure qu’un mois à peine entre mi-juin et mi-juillet : un enchantement pour les yeux et l’odorat ! Des champs à perte de vue avec le bourdonnement des abeilles qui travaillent pour fournir le fameux miel de lavande.
Moustier-Sainte-Marie, village classé parmi les plus beaux de France et réputé pour ses faïences, à posé ses maisons et ses ruelles dans l’échancrure d’un rocher, tout près du lac de Sainte-Croix. On entre ici dans le Verdon et nous taillons la route en direction de ses sublimes gorges. À La-Palud-sur-Verdon, nous emprunterons la boucle de la route des crêtes, un circuit de 23 kilomètres incontournable avec de multiples accès à des belvédères, tous perchés au sommet des plus hautes falaises des gorges avec des vues à couper le souffle. La route est en balcon, traverse quelques tunnels dans la roche et donne un sentiment de liberté et de plénitude.
Après un passage par Trans-en-Provence où nous soufflerons la première bougie de Zoé en compagnie de ses arrières grands-parents, nous poursuivons notre itinéraire jusqu’à Saint-Raphaël pour rendre visite à Bea et Jerem. Ils nous réserveront une superbe soirée sur la sublime baie d’Agay : paddle, pizzas, bières et coucher de soleil sur la plage. Premier maillot de bain et première baignade pour Zoé.
On prend un peu de hauteur dans le Massif de l’Esterel, composé de roches rouges et qui n’a rien à envier aux paysages de western, l’option mer à côté en plus. La Méditerranée vient contraster avec ses tons bleus presque phosphorescents. On redescend sur la célèbre « Corniche d’Or », la route qui longe la côte entre Fréjus et Mandelieu-la-Napoule, histoire de faire un dernier coucou à la mer avant d’attaquer la route des Alpes.